Les
choses peuvent être apparemment différentes de ce qu'elles étaient,
mais elles ne peuvent jamais être différentes de ce qu'elles
sont.
Leo
Hartong - Lorsque toute tentative cesse, l'acceptation totale
est là...
Acceptation,
amour inconditionnel et félicité, autant de mots magiques bien
connus de la plupart de ceux qui empruntent le chemin spirituel.
Comme la plupart des mots, leur nature est quelque peu ambiguë.
Séduisants, ils engendrent aussi d'immenses espérances. Ce sont
là des choses que nous désirons mais qui, en même temps, peuvent
paraître inaccessibles.
Je me
souviens que dans mon enfance, on me disait que pour attraper
un oiseau il fallait lui mettre du sel sur la queue. J'étais
trop jeune pour me rendre compte que si je parvenais à le faire,
c'est que j'avais déjà attrapé l'oiseau. Le même genre de paradoxe
est inhérent aux concepts dont il est question dans ce texte.
Par exemple,
on ne peut parvenir à l'acceptation totale en s'échinant
à changer les choses. Une telle tentative implique que nous
n'acceptons pas ce qui est. Lorsque toute tentative cesse,
l'acceptation totale est là et l'oiseau est déjà attrapé.
Souvent les chercheurs ignorent ce paradoxe et continuent d'essayer
avec l'espoir ou la conviction que si l'on parvient à accepter
totalement ce qui est, la réalisation s'ensuivra et qu'en conséquence,
on connaîtra l'amour inconditionnel et la félicité.
Cet univers
entier est le rêve du Soi. Notre identité est un point de référence
conceptuel sur un continuum qui est le Soi profond. Et lorsque
nous utilisons des mots comme amour inconditionnel, félicité
et acceptation, nous cherchons à saisir nos propres mains. Il
y a une croyance parmi les chercheurs selon laquelle l'acceptation
peut mener à la réalisation, la clarté et l'illumination. La
vérité, c'est que le «moi» qui tente de se montrer «acceptant»
ne peut jamais attraper l'oiseau.
L'acceptation
totale est ce qui est ici même, en l'instant même, et non quelque
chose que l'on peut accomplir dans le futur. L'acceptation
ne conduit pas à la clarté ; elle est la clarté que tout
ce qui est ne peut être en aucune façon différent.
Les choses
peuvent être apparemment différentes de ce qu'elles étaient,
mais elles ne peuvent jamais être différentes de ce qu'elles
sont.
Tous les
efforts en vue d'acquérir davantage d'acceptation, d'amour ou
de félicité ne sont que l'illusion de l'ego essayant de s'accréditer
en tant que protagoniste solide et bien réel, susceptible
de progresser vers des états d'être de plus en plus raffinés.
La Pure
Conscience ne pratique pas activement l'acceptation, l'amour
et la félicité en tant qu'antipodes du rejet, de la haine et
du désespoir. Ceci ne pourrait passer pour l'acceptation totale.
La Pure Conscience est pareille à un miroir qui reflète tout
sans la moindre résistance. Tout est accepté sans le moindre
jugement. Cela inclut la façon dont vous vous percevez en cet
instant précis. Comprenez bien : cela inclut votre graisse,
votre calvitie, votre colère, vos doutes, votre aliénation et
votre peur, ainsi que tout ce qui est douillettement roucoulant
en vous. Qu'il y ait résistance, rejet, effort ou tension est
sans importance. Tout ceci est observé de manière neutre
et, par là, accepté.
Étant
le Soi Un, à jamais parfait et omnipénétrant, que pourrais-je
accepter et que pourrais-je rejeter? Qu'est-ce qui pourrait
me donner de la joie et qu'est-ce qui pourrait me faire de la
peine? Étant à jamais non-affecté et non-attaché, je suis en
paix dans mon insondable Soi.
L'acceptation,
la claire vision de ce que vous êtes, ne résultera pas de vos
efforts ni de votre recherche, mais pourrait se révéler quand
s'abolissent tentatives et recherches. L'acceptation totale,
l'amour et la félicité pourraient alors être reconnues comme
étant déjà là. La réalisation du Soi, la reconnaissance
du Soi (qui signifie simplement voir ce que vous êtes déjà en
cet instant même), équivaut à l'acceptation totale. Pouvez-«vous»
accepter qu'il n'y a rien à faire?Pouvez- «vous» accepter
que vous n'existez pas en tant qu'entité séparée? Si cela est
possible, alors qui demeure pour faire l'acceptation?
Que la
pensée qui se manifeste affirme: «Ceci est accepté» ou qu'elle
affirme: «Ceci n'est pas accepté », ne fait aucune différence.
La Pure Conscience inclut - et par conséquent accepte - les
deux.
L'ego
n'est pas capable de l'acceptation totale, mais il est inclus
en elle. Il espère en vain que les efforts qu'il fournit pour
devenir de plus en plus «acceptant» lui permettront d'atteindre
l'état exalté d'illumination, qui à son tour est supposée engendrer
félicité éternelle, paix et expérience de l'amour inconditionnel.
Cette récompense après laquelle court l'ego, n'est toutefois
ni une expérience que l'on peut avoir ni un état dans lequel
on peut être. Au contraire, l'illumination est l'évaporation
de l'illusion qu'il existe un individu pour en faire l'expérience
; c'est pourquoi il est nommé «l'état sans état».
Acceptation
absolue, amour inconditionnel et félicité ne sont en fait que
trois autres indicateurs de plus pointant vers l'espace lumineux
de la Pure Conscience. Dans cette pureté, sans qualifications
ni forme, même les concepts de contemplation neutre et de ce
qui est contemplé, du miroir et de son contenu disparaissent.
Nous pouvons
l'appeler félicité, puisque rien ne peut la troubler. Nous pouvons
l'appeler acceptation totale, puisque rien n'est rejeté par
elle. Nous pouvons l'appeler amour inconditionnel, puisque tout
est embrassé par elle.
Cette
magnifique simplicité, ce secret ouvert à tous, cette clarté
intime, est tout ce qui est. C'est vous-même vous souhaitant
la bienvenue chez vous. Vous êtes ceci.
Leo
Hartong - S'éveiller au rêve. Le présent d'une vie lucide -
Editions Accarias
PHOTO:
Jean-Jacques Chaubin SEPT 2010 ILE de la REUNION - COMPOSITION
: JADE copyright.